Voici le le dernier texte d'une série de quatre concernant l'histoire de la scène rave de Trois-Rivières. L'histoire d'un mouvement vu à travers le prisme de Dj Symphonia.

Durant l'été 2004, lors d'une pause bien méritée, Yannick Tessier, tête dirigeante de la production D.R.B., est fort emballé par un nouveau projet : ouvrir un afterhour dans un quartier industriel de Cap-de-la-Madeleine, où il a trouvé un local...

Après un travail acharné pour modifier l'endroit (construire une mezzanine, construire des salles de bain, etc.), nous ouvrons le Zedna Afterhours, le 9 octobre 2004. Omni et Banging Mark trônent à la soirée d'inauguration. Les Djs installés sur la mezzanine, le local aménagé et nos amis rassemblés pour nous encourager et danser font de cette soirée un moment mémorable.

Au fil du temps, l'endroit accueille d'excellents Djs résidents (Trick, Flavour, Funky Frank et Banging Mark) en plus de recevoir plusieurs pointures du monde électronique (Collin Barrat d'Angleterre, Miss Innocent d'Autriche, Iznoogood, Daryl Kass, The Coffee Man, Twinspin, Omni, Debbie Tebb, Dj AKT, Max Hébert, Insomnia et Dominic B). Je me rappelle la tenue de trois raves majeurs au Zedna Afterhours; la 2e édition de Voodoo, Empyre 2 et Island à l'Île-St-Cantin.

The Coffee Man et Symphonia @ Zedna Afterhours

J'ai été résident au Zedna Afterhours durant environ six mois, toutes les fins de semaine. J'ai eu la chance de jouer autant de Hard Techno qu'un homme peut le souhaiter! Après cela, j'ai quitté la production, la tête bourrée de souvenirs indélébiles, afin de poursuivre d'autres projets qui me définissaient mieux. L'afterhour a très bien fonctionné pendant environ deux ans pour ensuite fermer ses portes en 2006.

À la fermeture du Zedna Afterhours, les productions D.R.B. cessent leurs activités. Pendant les deux années qui suivent, la scène rave de Trois-Rivières s'endort. Aucun afterhour officiel n'est ouvert et pratiquement aucun rave n'est organisé, mis à part BOOM qui a su maintenir sa popularité et attirer environ 1000 personnes par édition annuelle.

La scène rave végète jusqu'au jour où, en décembre 2007, Dominic B, longtemps résident du célèbre Redlight de Montréal, décide d'ouvrir son propre établissement à Trois-Rivières; Le Space afterhours. Ce relayent comme résidents Flavour, D.R.B., Funky Frank et Dominic B. L'endroit, qui fonctionne d'ailleurs encore bien aujourd'hui, a reçu une multitude de Djs d'envergure, notamment Eddy Jasmin, Angelika, Peakafeller, Drixx, Marco G, et D Vice.

La scène au point mort

DJ Symphonia et Insomina @ Zedna Afterhours

Comme je l'ai déjà mentionné, mis à part pour le rave BOOM (qui depuis deux ans ne se tient plus au défunt aréna Jean-Guy Talbot), la scène rave de Trois-Rivières est au point mort.

Pour quelles raisons? Est-ce que Trois-Rivières suit la tendance de Montréal, tendance qui favorise l'essor des afterhours au détriment des grands rassemblements? Est-ce que les promoteurs jugent qu'il n'y a plus d'argent à faire avec les raves? Est-ce un manque de relève? Probablement que tous ces facteurs y sont pour quelque chose.

Pour François Pilon, alias Funky Frank : « La scène à Trois-Rivières a déjà été très active, il y a une quinzaine d'années. Des petits, des moyens et des grands partys ont émergé ici et là, car le mouvement rave était nouveau et gagnait de plus en plus d'adepte. Désormais, la vague underground et l'aspect nouveau de la musique électronique sont dépassés. Ces années où l'on révélait l'endroit d'un party 48 heures à l'avance ne sont plus ».

Iznogood et DJ Symphonia @ Zedna Afterhours

« Maintenant, les gens économisent leur argent pour aller dans de grands événements commerciaux, particulièrement à Montréal. On table beaucoup sur le vedettariat de Djs de réputation internationale comme, par exemple, David Guetta. Les Djs sont devenus des Rock Star », souligne Funky Frank.

Il explique que « c'est un nouveau phénomène qui résulte de la commercialisation du mouvement techno et de la concentration de la scène électronique dans les grands centres. Les sonorités électroniques sont maintenant intégrées dans la musique commerciale. Les jeunes entendent des sons électroniques tous les jours avec leurs ordinateurs ou leur et iPod ».

Pour sa part, Yaz affirme que « la musique électronique est toujours aussi bonne, mais n’est plus la nouvelle tendance à découvrir. Les bars jouent maintenant beaucoup d'Électro-House et les afterhours sont là pour satisfaire le besoin de danser et d’écouter de la musique accessible chaque semaine ».
« Je ne vois pas, pour l’instant, de possibilités que ça renaisse, de faire des évènements d’envergure », lance le Dj.

Optimisme

Foule @ Zedna Afterhours

Les opinions sont partagées sur les perspectives de la scène. Personnellement, je crois que Trois-Rivières possède le potentiel nécessaire pour tenir des événements raves de qualités. La ville referme quelques salles idéales ainsi que plusieurs emplacements extérieurs intéressants. De plus, il s'y trouve des Djs de talents. Je suis persuadé que plusieurs artistes de l'extérieur seraient très motivés à l'idée de venir jouer (ou rejouer) dans la région. La foule trifluvienne a toujours eu la réputation d'être très énergique et chaleureuse.

Il y a beaucoup de jeunes attirés par la musique commerciale House des afterhours susceptible d'être intéressés par des événements raves. Étant donné que les raves sont redevenus marginaux, leur aspect underground et clandestin pourrait piquer leur curiosité de certains en plus de faire ressortir les vieux de la vieille!

Peut-être qu'éventuellement, un promoteur prendra le risque de se lancer et de nous offrir à nouveau des soirées qui resteront à jamais gravées dans nos mémoires, nous, amoureux de musique électronique. Seul l'avenir nous le dira!

Voir aussi :
La fondation de D.R.B. (3/4)
De l'essor des promoteurs aux afterhours (2/4)
Les débuts (1/4)