La rumeur a couru selon laquelle le DJ et producteur montréalais Deadfunk aurait réaliser sa dernière prestation Hardcore devant les fêtards du rave Rainbow Trip, le 26 février dernier à Montréal. Quant à son acolyte Smartyz, également DJ à cette soirée, il développerait une forte tendance au Hard Trance... Est-ce que le milieu du Hardcore québécois serait en train de perdre deux de ces plus talentueux artistes? Loin de là selon les principaux intéressés, rencontrés par Datagram dans leur studio du quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Du Hardcore au Fidget House...
« Je vais continuer d'accepter les booking Hardcore! », confirme Deadfunk, confortablement assis dans son studio. « J'avais hâte de mixer à Rainbow Trip et je prépare d'ailleurs trois nouvelles parutions pour la webétiquette Kanibalz Digitalz; Believe Again, Love Battlefield et Neon Lights », précise-t-il.

L'artiste explique néanmoins que « le Hardcore ne pogne plus autant qu'avant. Pour l'instant, je préfère me concentrer sur mon projet Systembanger et l’Électro / Fidget House ». La machine à succès de Kanibalz Digitalz entend ainsi mener plusieurs projets dans différents genres musicaux. À en croire son profil Facebook, plusieurs fans semblent apprécier le tournant plus accessible de sa musique.

Systembanger, alias Deadfunk, vient d'ailleurs de faire paraître une chanson fidget house, à laquelle participe le MC Regimental, sur l'étiquette montréalaise Planet Break. Le lancement a eu lieu lors du Fat Beat Session, le 20 mars dernier, au Pearl Club de la rue Saint-Denis.

Systembanger vient aussi de terminer un remix electrotrance du célèbre hit Cry de System F (alias de Ferry Corsten). Il s'agit presque d'une reprise officielle : « Toutes les deux semaines, un pack (ensemble de dossiers contenant les différentes pistes et échantillons d'une chanson) est accessible sur le site de Ferry Corsten. Les volontaires disposent alors de deux semaines pour réaliser un remix, dans le style de leur choix. Il y a ensuite un vote pour le meilleur remix », explique-t-il.

Son remix n'a malheureusement pas été choisi puisque, selon Systembanger/Deadfunk, « même s'ils [les jugent] disent accepter tous les styles, les 10 remix sélectionnés sont dans le style Prog-House et Prog-Trance »...

… en passant par le Hard Trance
De son côté, Martin English, alias Smartyz est trahi par son coton ouaté de l'étiquette Technikal (pseudonyme Hard Trance de l'artiste Hardcore Technikore). Il nous confie être sur un trip Hard Trance par les temps qui courent.

« Un ami m'a suggéré d'écouter les mixes de Technikal. J'étais encore très fermé à tout ce qui n'était pas Hardcore, mais j'ai vu des remix Hard Trance de chansons de Technikore. J'ai alors laissé une chance. C'était lent à la première écoute, mais il y avait un gros kick qui est venu me chercher. J'ai vraiment aimé par la suite », explique-t-il, un brin amusé.

Aurait-il l'idée de commencer à mixer sous un pseudonyme Hard Trance? « Je suis assez difficile quand on parle de Hard Trance. Je n'aurais pas assez de chansons à mettre durant un set », reconnaît-il. Il a cependant commencé la composition dans ce genre musical...

Priorité Hardcore
À l'opposé de son comparse et colocataire, Smartyz concentre ses énergies sur le Hardcore. L'artiste auteur de neuf bombes sur Kanibalz Digitalz planche d'ailleurs sur un remix de la chanson Wat We Do de l'artiste australien S3RL. Cette dernière devrait sortir incessamment sur la webétiquette Executive Digital.

Smartyz s'est d'ailleurs fait approcher par des promoteurs d'Australie et du Minnesota pour aller y performer durant l'année. D'ici là, il entend produire et peaufiner sa musique : « Il faut que je me concentre plus sur mon son. [...] Habituellement, plus je réalise une chanson rapidement et plus j'en suis fier. Si la moitié de la toune n'est pas terminée en 24 heures, ce ne sera probablement pas une super toune », signale-t-il.

Problème avec le Hardcore au Québec?
Y a-t-il quelque chose qui explique cette soudaine influence plus soft sur les ambassadeurs du Hardcore québécois? Selon Smartyz, la scène rave manque de promoteurs et de raveurs Hardcore. « En 2008, Deadfunk mixait tout le temps. Maintenant, plusieurs promoteurs tels que Project Mayhem n'existent même plus », regrette-t-il. « Un des seuls promoteurs encore actifs dans le domaine, et à qui nous devons la “survie” de la scène happy Hardcore à Montréal grâce à ses événements de qualité, c'est Black & White Productions », ajoute Deadfunk.

Comme piste de solution, Smartyz insiste sur le fait que « les promoteurs devraient faire plus d'alliances entre eux. Il faudrait publiciser le Happy Hardcore, faire des gros événements de 1000 personnes avec plusieurs styles musicaux plus mainstream ». Il nuance cependant ses propos en soulignant que toutes les alliances ne sont pas souhaitables, spécialement celles concernant les promoteurs issus du crime organisé.

Prochains événements
Systembanger, alias Deadfunk, produit désormais la soirée mensuelle Electrik Zoo à la taverne montréalaise L’Inspecteur Épingle, en compagnie de J-bee et DJ La Boulette. Il participera aussi aux festivités organisées pour la venue du célèbre Yoji Biomehanika au Circus After Hour, le 11 juin.

D'ici là, les raveurs pourront retrouver Smartyz et Deadfunk en mai lors de Morning Glory 2, à Québec, ainsi que Systembanger à Epic Coalition 3, un freeparty éclectique où se déchaineront notamment les Montréalais Rakoon et DJ Mutante. À noter : les DJ/producteurs invités à Epic Coalition 3 ont comme mandat de remixer la célèbre chanson de la compagnie de déménagement Le Clan Panneton. Gros bras et coupes Longueuil seront de mise!

Cette demande des promoteurs fait suite à la tradition inaugurée lors du précédent événement au cours duquel le jingle du produit Super Timor a été repris à satiété.

Les deux artistes performeront également cet été lors de l'annuelle vente trottoir sur la rue Sainte-Catherine à Montréal, devant le salon de coiffure Blue Earth. Espérons que cette fois, aucun orchestre de la ville ne viendra s'installer de l'autre côté de la rue!

Dans le studio...

Installés dos à dos dans leur studio, les deux comparses utilisent des logiciels d'édition musicale tels que Fruity Loops 8, Cubase 5, Ableton Live ainsi que Wavelab pour le mastering et Fruity Loops pour les prestations live. Ils se servent aussi du logiciel Mixed In Key, une petite merveille qui permet de réaliser des mix harmoniques à partir de la clé dans laquelle les chansons sont composées.

Le matos physique est tout aussi professionnel; deux claviers contrôleurs Axiom 49 de marque M-Audio trônent devant les écrans plats. Ce petit bijou permet un contrôle manuel immédiat sur le logiciel musical et peut être utilisé autant pour travailler en studio que pour performer live. « J'ai fait près de cinq live avec mon Axiom 49 », lance Systembanger/Deadfunk, complètement vendu au produit.

Les lives n'ont cependant pas encore commencés pour Smartyz : « J'ai perdu toutes mes chansons lors d'une erreur de manoeuvre durant un formatage. Je n'avais plus que des bribes de chansons déjà composées, dont mon remix de la chanson de S3RL ». Ne voulant pas s'y faire reprendre, il a alors copié ses fichiers sur un disque dur externe. Quelque temps après, c'est l'horreur ; le « soi-disant » disque dur lui fait perdre ses fichiers de nouveau. La morale de l'histoire : « les DVDs et CDs gravés servent encore à quelque chose ».

Dans les écouteurs de Systembanger/Deadfunk :

1. Udachi & Jubilee – Smoke Rings
2. Stevie Wonder – Sir Duke (Dirty Monkeez Remix)
3. Flo rida Feat. Nelly Furtado – Jump (Designer Drugs Remix)
4. Knowlton Walsh – Animal (B. Rich Remix)
5. The Count and Sinden – Hardcore Girls (JC Remix)

Dans les écouteurs de Smartyz :

1. Karaoke Pirates – Baby Baby (S3RL Remix)
2. Tom Parr – Missing You (Gammer Remix)
3. Darren Styles – Flashlight
4. Technikal vs. K-Series – Closer
5. Breeze vs. Lost Witness - Rise Again (Technikal Remix)