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[Scène Rave]

Les raves, aussi ouverts aux gais que le clubbing?

Dj Matricks (Photo: César Ochoa)

La scène musicale électronique montréalaise est reconnue à travers la planète comme l'une des plus riches et stimulantes d'Amérique du Nord. Les LGBT, en particulier les gais, y occupent une place de choix, surtout parmi les fêtards des circuit partys, dans les clubs et à la tête d'événements d'envergure. Cet univers très gai contraste avec la culture hétérosexuelle plus marginale du mouvement rave, qui évolue à ses côtés depuis près de 20 ans. Or, ce mouvement souterrain n'a jamais cessé d'offrir l'espace où toutes les sexualités peuvent s'exprimer et s'épanouir.

 

Marilou Laverdure

Marilou Laverdure, raveuse

«Dans un rave, tu peux jouer le rôle que tu veux sans avoir peur d'être jugé ou discriminé. C'est comme à l'Halloween, mais en plus extrême!», explique Marilou Laverdure, une jeune designer graphique de 20 ans qui fréquente les raves depuis cinq ans.

La jeune fille colorée y assume pleinement sa bisexualité. «on orientation sexuelle n’a jamais posé de problèmes à mes amis de rave. Si un gars est beau, je vais lui dire. Même chose s’il s’agit d’une fille. Si les gens veulent se poser des questions, qu’ils se les posent! S’ils veulent des réponses, qu’ils viennent me voir», lance-t-elle.

«Les raves ont toujours été propices à l’ouverture d’esprit», souligne son ami Francis Poitras, alias DJ Matricks, dans le milieu rave depuis 2003. Le technicien ambulancier paramédical de 24 ans soutient quant à lui que «l'atmosphère y est moins sexuelle que dans les clubs ou les recoins du Black&Blue. C'est plus convivial et chaleureux. Dans un rave, on peut exprimer sa sexualité sans vouloir la “vendre”».

 

 

 

DJ K.Nox

DJ K.Nox
Photo: Jérôme Suard

Plus fermé pour les Djs gais?
De son côté, DJ K.Nox, résident au Parking nightclub depuis 2008, soutient que depuis ses débuts dans le monde rave de Québec, aucune porte ne lui a jamais été fermée en raison de son orientation sexuelle.

En 2001, le tout frais DJ Kynoxe, aussi connu sous le nom de Yves Pouliot, fonde les productions Freak Patrol à Québec avec Dominik Gagnon, alias Timewave. Leurs soirées raves, surtout orientées vers la musique Trance et Psy-trance, passent aux annales de l'histoire festive de la capitale en raison de la qualité de leurs décors, de l'excellence de leurs artistes et de l’ambiance amicale qui y règne. «Nous avons toujours eu un souci psychopoétique lors de nos événements», souligne Yves Pouliot.

Le DJ explique que «même s'il s'agit d'une scène hétéro», «mon orientation sexuelle a toujours été connue de tous. Je ne l'ai jamais cachée. J'ai eu un chum durant six ans à l'époque où j'organisais les événements de la Freak Patrol». «Une fois que la chose est connue, elle n'est plus un sujet de discussion. Cela doit être plus difficile lorsque quelqu'un cache son orientation sexuelle», ajoute-t-il.

Sa carrière de DJ Psy-trance l'a amené en tournée australienne, à New York, à Philadelphie, à Boston et à Toronto lors du World Electronic Music Festival de 2004. En 2007, il déménage à Montréal et devient barman au Parking. Fort de l'organisation des soirées electro Freak Show, à Québec, il discute d'un concept pour les vendredis soirs avec le propriétaire du club, Greg Thibault. Une fois le feu vert donné, la nouvelle mouture de K.Nox se retrouve à la barre des soirées Electro Sexual.

Pour avoir été DJ et promoteur à la fois dans le milieu rave et club, Yves Pouliot affirme que «percer dans le milieu rave n'est pas facile, peu importe l'orientation sexuelle». Même son de cloche du côté de DJ Matricks: «Mon orientation sexuelle n’a jamais eu d’influence dans mon cheminement comme DJ. Ce n’est pas une question pertinente pour les promoteurs».

 

DJ K.Nox

DJ Matricks
Photo: César Ochoa

«Mon chum vient toujours m’encourager lorsque je performe. Je ne me suis jamais empêché de l’embrasser devant tout le monde», souligne-t-il, arborant un subtil bracelet rave arc-en-ciel. «Pour percer, plus tu es assumé, confortable et honnête, plus cela va t'aider. Ces éléments jouent beaucoup sur le charisme», précise-t-il.

Pour sa part, DJ K.Nox explique que «le développement et la démocratisation des technologies ont permis l'émergence d'une pléthore de DJ de sous-sols. La barrière à l'entrée s'est élevée avec le temps. La technique a pris beaucoup de place». Or, dans le milieu commercial, il affirme que l'entrée s'y fait de façon différente. «Pour les clubs et les circuit partys, l'image est très importante. De plus, de bonnes relations sont souvent plus déterminantes que le talent. Il suffit de penser au mannequin brésilien Jesus Luz, un ex-copain de Madonna, qui s'est lancé dans une carrière de DJ et fait maintenant le tour du monde...»

Bien qu'il ait changé de milieu, Yves Pouliot continue de croire qu'il y a une place pour «les événements de 1000 à 3000 personnes, axés sur des décors, les performances et les DJs locaux accompagnés de deux à trois invités internationaux. C'est un retour aux racines plus communautaires de la scène électronique, même si la vague P.L.U.R. est passée».

 

Le P.L.U.R. toujours vivant, mais affaibli
Les valeurs du P.L.U.R. (Peace, Love, Unity, Respect) constituent les fondements de la philosophie rave, dont les candy ravers sont les porte-étendards par excellence. DJ Matricks, qui verse dans le Happy Hardcore, est tout excité lorsqu'il exhibe son attirail de bracelets, de colliers et de vêtements fluorescents qui constituait (et constitue toujours par moment) son ensemble du parfait candy raver. C'est à travers cette mode exubérante, colorée, nostalgique et naïve que plusieurs raveurs se sont identifiés à une communauté ouverte d'esprit et harmonieuse.

DJ Cyre

DJ Cyre
Photo: Patrick Matte

Selon Éric Beaurivage, alias DJ Cyre, le P.L.U.R. demeure le code de conduite rave, même si la vague candy a connu son apogée au Québec durant la première moitié des années 2000. Celui qui rave depuis 1993 souligne que le P.L.U.R. domine surtout les événements où résonnent des genres musicaux plus près du son rave originel. «Je me demande si l'esprit P.L.U.R. a survécu davantage en raison de la persévérance des artisans d'une musique rave plus authentique plutôt que grâce à la volonté des raveurs d'entretenir cet état esprit. J'aime croire en la deuxième option», plaide le DJ montréalais spécialisé dans le Happy Hardcore, la Drum&Bass et le Break.

Il ne faut cependant «pas se mettre la tête dans le sable», fait remarquer Marilou Laverdure. «L'influence de la drogue, surtout le l'ecstasy, est importante pour atteindre cet état d'esprit. Elle rend plus émotif et extraverti. Cela permet de briser les barrières et les tabous», avance-t-elle.

«Le mouvement rave rejoint certains types de personnes qui ne sont pas forcément extraverties. Plusieurs consomment de la drogue, ce qui les porte à aller vers les autres et mieux les comprendre, concède DJ Cyre. Malgré tout, il est possible d'adhérer à la mentalité P.L.U.R. avant même d'entrer en contact avec le monde de la drogue».

Le DJ déplore tout de même le recul des valeurs P.L.U.R. dans les soirées raves. «Les gens jugent beaucoup plus l'habillement et les comportements des gens qu'auparavant, regrette-t-il avant d'ajouter que la qualité moindre des drogues et l'arrivée des appareils photo numériques ont freiné la liberté de beaucoup de fêtards. La peur de voir une photo de soi complètement gelé sur Internet en a refroidi plus d'un».

Marilou Laverdure renchérit en insistant sur le fait que «plusieurs nouveaux raveurs entrent dans ce milieu pour la drogue. Il y a quelques années, je voyais plusieurs personnes chanter les paroles des chansons Happy Hardcore. Maintenant, c'est rare».

 

Très bien ton article Julien!

Très bien ton article Julien!

Merci beaucoup Merku! On

Merci beaucoup Merku! On attend avec impatience la suite de ton histoire du Hardcore à QC!