[Entrevue avec Mutante]
2011 s'annonce prolifique pour Mutante
Par Julien Daigneault Boucher, Datagram Radio - 05 mars 2011Le premier producteur de hardcore québecois, DJ Mutante, se prépare à une année aussi chargée que la dernière. Sa tournée européenne du printemps n'offrira aucun répit aux fêtards du vieux continent, pas plus que ses nouvelles parutions ne nous permettront d'arrêter de nous défoncer. Interviewé par Datagram, la terreur musicale nous parle de ses projets et de sa vision de la scène hardcore québécoise.
«Ma tournée 2011 débutera le 30 avril à Zurich, où je vais mixer avec The Massacre, Satronica et Tieum», annonce François Robichaud, alias DJ Mutante. Les soirées s'enfileront ensuite à un rythme effréné jusqu'en juin. Berlin, Sofia, Prague, Stockholm, Liège, Varsovie ainsi que certaines villes d'Espagne et d'Italie apparaissent dans sa ligne de mire. Cette année, Mutante partagera la scène avec les vedettes du hardcore Gabba Front Berlin, Lenny Dee, Frazzbass, D-Tox, Violentus et ses comparses de l'étiquette Terrornoize Industry, dont il arbore fièrement le t-shirt.
Le DJ et producteur montréalais aura de nouveau l'occasion de faire escale dans des endroits qu'il connait bien, sans pour autant reprendre l'itinéraire de sa tournée de 2009-2010. Il anticipe son retour en Bulgarie avec enthousiasme. «J'ai joué à Sofia en 2009. Ce n'est pas courant les artistes hard là-bas. Mais, dès le premier kick de mon set, ç’a explosé jusqu'à la fin, assure Mutante. Même si les gens sont pauvres là-bas, ils sont prêts à tout t'offrir»
Nouvelles parutions
En plus d'avoir réalisé une tournée européenne bien remplie, Mutante a été le producteur québécois le plus prolifique en 2010 dans le genre Hardcore Techno. À son tableau d'honneur, il signe une reprise de la chanson Freakiest Plastic de Speed Freak, parue sur le dernier album de ce dernier, Re-Play - Messing With Your Brain For 20 Years, chez Psychik Genocide. «C'est la chanson qui m'a fait accroché sur le Hardcore, confie-t-il. Pour moi, c'était la musique du futur. Je le pense encore d'ailleurs». Mutante a également signé plusieurs autres parutions sur les étiquettes Terrornoize Industry, Social Teknology, Absurd Audio, GGM RAW, Canadian Speedcore Resistance et Kopfkrank.
Il commence 2011 avec deux nouvelles apparitions, l'une sur la compilation Uniting The Styles Volume One, parue chez Raston Warrior Records, et l'autre en compagnie de Merkurius sur un nouveau 12'' de GGM RAW. Le producteur nous promet d'autres bombes au courant de l'année. Son album Quebecore 2009 sera réédité chez Audiogenic sous le nom I'm a Hotshot Robot, il partagera la moitié d'un CD avec Plague sur This is Terror 15 et signera un 12'' avec Liquid Blast sur la nouvelle étiquette de Al Twisted, Motormouth.
Vétéran du Hardcore
À 37 ans, Mutante possède une longue expérience musicale. Après quelques années à jouer avec différentes formations punk, il commence à pratiquer le mix en 1995. Alors dans le groupe Khan Gourou, il fait paraître ses deux premières chansons Hardcore Techno en 1999 sur l'album hommage aux Béruriers Noirs, Viva Béru.
Le groupe évolue ensuite et prend le nom de Kungfuckers. Le collectif se fait remarqué pour la pochette explicite de son premier album intitulé Té pas obliger d'aimé sa khan j'te met dans l'cul.
Mutante participe ensuite à de nombreux évènements au Québec, dont le Festival international de musique actuelle de Victoriaville en compagnie de DJ Pocket et de Martin Tétrault. Il forme ensuite, en collaboration avec Normal Bates, un groupe hybride sous le nom d’International Al Congnen. En 2002, il entre aux Foufounes Électriques, bar où est DJ résident depuis.
À partir de 2003, il perfectionne sa connaissance ainsi que sa maîtrise pratique de logiciels de production. Cette démarche se concrétise avec la sortie de vinyles chez Audiogenic, Kryzalide et Le Diable Au Corps, en 2004. À partir de 2007, il se met à accumuler les parutions sur plusieurs étiquettes. Deux ans plus tard, il parcourt l'Europe où il performe notamment aux côtés de Radium, DJ Promo, Speed Freak, Bonehead, Plague, Smurf et bien d'autres.
Désillusionné de la scène locale
Après des prestations devant plusieurs milliers d'amateurs de Hardcore en Europe, Mutante retourne au Québec un peu à contrecoeur. Il parle de la scène québécoise avec cynisme et pense peut-être s'expatrier.
«En Europe, je peux faire une tournée sans être obligé d'aller à Paris, à Amsterdam ou à Rome. Si je joue à Lyon ou à Utrecht, il se passe de quoi là-bas. Il y a tellement de monde que la culture ne se concentre pas seulement dans la capitale. C'est le problème en Amérique du Nord, déplore-t-il. Si tu sors de Montréal, il y aura peut-être un petit événement hardcore à Québec, un autre encore plus petit à Sherbrooke... Le reste, c'est des jukebox avec du Bon Jovi.»
Fatigué d'organiser ses soirées Hardcore Underground à Montréal, Mutante laisse à d'autres le soin de reprendre le flambeau. Il hésite entre continuer de mettre des efforts dans la scène locale, quitte à «forcer le monde à y croire», plutôt que de déménager là «où les gens y croient déjà».
Il critique également le manque de solidarité au sein même de sa sous-culture. «Quand tu vis une scène de l'intérieur, tu te rends compte que tout le monde se bitch. En fin de compte, les gens ne pensent qu'à leur nombril. Pour vouloir donner un coup de main à une scène, il faut quand même que ça t'apporte quelque chose. L'altruisme pur, c'est plutôt rare», soutient-il.
L'espoir en définitive
Mutante se réjouit néanmoins des nouvelles initiatives dans la scène Hardcore. «C'est sûr que j'aimerais voir la scène se développer. [...] Il faut du support; plus c'est gros, mieux c'est», souhaite le DJ qui espère un jour «entendre du Hardcore à CKOI».
Une position qui l'amène à voir d'un bon oeil la percée des sonorités électroniques dans la musique Pop et commerciale. «En Amérique du Nord, les Kid Cudi, David Guetta et Black Eyed Peas donnent une certaine visibilité à la musique électronique. Ça prend encore des chanteuses par-dessus, mais c'est déjà ça», avance-t-il.
Par conséquent, il pointe du doigt le sectarisme dont font preuve quelques ultras du Hardcore. Pour lui, «le problème avec certains hardcore kids, c'est leur fermeture d'esprit. Ils n'hésitent pas à trouver merdiques tous les autres styles musicaux. Ils ne voient pas l'aspect positif que les autres types de musique peuvent apporter à leur propre scène».
Du Hardcore au House?
Mutante pense d'ailleurs lui-même réduire l'agressivité et le tempo de sa musique, histoire de rendre son talent un peu plus lucratif. «J'ai l'intention d'expérimenter le Tech-House», confie-t-il. Zoo Brazil est l'une de ses grandes influences par les temps qui courent... Au grand désarroi des amateurs de Hardcore, l'expérimentation déjà a commencé. Mutante a fait péter du Tech House lors du dernier Igloofest! Toutefois, l'espoir subsiste; Mutante travaille parallèlement sur une reprise speedcore de la chanson Legalize Murder de GG Allin. Difficile de faire plus dans la misanthropie...
Vous pourrez entendre DJ Mutante lors de la prochaine soirée OCDJ, au bar Le Passeport, le mardi 5 avril prochain.
Dans les écouteurs de DJ Mutante:
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Mutante no1!
Moi je te souhaite bonne chance dans tes projets Mutante!